samedi 2 août 2008

Le Québec pour la séquestration des gaz à effet de serre?

Selon le site web de Radio Canada, le gouvernement du Québec est sur le point de financer une chaire d'étude sur la séquestration géologique du dioxyde de carbone (CO2), l'un des principaux gaz à effet de serre (GES). Le gouvernement s'apprête donc à verser 5 millions de dollars à l'INRS sur 5 ans afin de financer cette chaire.

La séquestration géologique du CO2 consiste à emprisonner le gaz dans un substrat géologique rocheux, ce qui comprend les gisements de gaz naturel ou de pétrole, les veines de charbon, les aquifères salins et les bassins sédimentaires. D'autres techniques de séquestration géologique sont présentement à l'étude, tel que l'emmagasinage entre les strates de schistes. Le gaz dois toutefois être emprisonné à plus de 800 mètres de profondeur, afin qu'il passe à un état supercritique, qui est plus dense et nécessite moins d'espace. Des membres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ont estimé que 99% du CO2 "entreposé" de cette façon devrait être stable pendant 1000 ans. Des études menées par ces compagnies pétrolières ont toutefois suggéré que le CO2 pourrait être stable pendant des milliers, voir millions d'années.


Présentement, plusieurs compagnies exploitant des gisements pétroliers utilisent ce procédé pour la récupération assistée du pétrole. La règlementation de certains pays prévoit que les puits de pétrole doivent être fermés de façon adéquate avant d'être abandonnés, afin d'éviter que des débris remontent à l'intérieur du puit et contaminent le sol. Des mesures semblables devraient être prises concernant la séquestration de CO2 afin de s'assurer que le gaz ne s'échappe pas.

Bien que l'emprisonnement du CO2 dans des strates géologiques offre une solution immédiate pour réduire le niveau de CO2 atmosphérique et contrer par le fait même le réchauffement climatique, ce n'est qu'une solution temporaire. On peut comparer cette méthode à cacher de la poussière sous un tapis. Tout semble beau et propre pendant un certain temps, mais la poussière finit par réapparaître. Il n'est pas garanti à 100% que le CO2 demeurera emprisonné durant les 1000 années prévues ou plus. Le plus gros danger associé avec la séquestration de CO2 est les fuites. Que ce soit suite à un tremblement de terre ou dû à la perméabilité du réservoir utilisé, les fuites ont un impact désastreux sur l'environnement entourant la zone de séquestration. La diffusion graduelle du CO2 de la strate vers la surface pourrait affecter des nappes phréatiques servant de source d'eau potable et y favoriserait la formation d'acide carbonique. Ce dernier modifierait le pH de l'eau et inciterait la migration de métaux toxique. Dans le cas où le CO2 atteindrait la surface, la forte concentration de ce gaz détruirait les plantes environnantes et asphyxierait la faune. N'oublions pas que le gaz s'étant échappé de son réservoir, il sera disponible dans l'atmosphère où il contribuera de nouveau à l'effet de serre.

La plupart des sites de séquestration étant des nappes pétrolières, il y a fort à croire qu'une fois la nappe à sec, les compagnies exploitant le gisement délaisseront leurs installations. Il serait possible qu'un puit mal entretenu permette au CO2 de remonter à la surface. De plus, ces installations requerront un suivi à très long terme, soit un minimum de 1000 ans selon les estimations, ce qui dépasse largement la longévité d'une compagnie.

Somme toute, cette méthode n'est pas une solution efficace et sécuritaire pour se débarrasser des GES. Le gouvernement devrait investir dans la recherche sur la réduction des émissions, une méthode adéquate et durable pour enrayer le réchauffement climatique.

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