dimanche 28 décembre 2008

Vermicompostage

Dans l'optique de réduire notre production de déchets domestiques, le compostage est une très bonne option.

Si vous êtes comme moi et restez dans un petit appartement, il est fort probable que vous n'avez pas de cour arrière et que le compostage semble impossible à envisager. Le bien connu bac à compost ou tas de compost est une option que vous envisagerez une fois établis en banlieue.

Mais détrompez vous, il est possible de composter à plus petite échelle dans votre propre logis. Avec le lombricompostage, ou vermicompostage, vous pouvez adopter quelques vers qui se chargeront de dégrader vos déchets organiques. Des vers de terre pourraient faire l'affaire, mais l'idéal est d'utiliser des vers rouges à fumier (Eisenia foetida). Ils consomment quotidiennement une plus grande masse de matière organique que les vers de terre.

Il est très simple de fabriquer soi-même un vermicomposteur, mais encore une fois, les plus paresseux auront aussi une option pré-fabriquée. La première question à se poser avant de débuter un vermicomposteur est la suivante: quelle quantité de déchets organiques produisez- vous? Si vous êtes une famille de 5, vous aurez besoin d'un plus grand vermicomposteur qu'une personne vivant seule. En fait, c'est la quantité de vers présents dans le vermicomposteur qui est la clé. Il faut avoir assez de vers afin de dégrader la quantité de matière organique ajoutée. Pour une grande famille, il est recommandé de mettre 3-4 livres de vers dans le bac, alors qu'un personne seule aura besoin de seulement 1 livre de vers. Aussi, une fois les vers bien installés, ils commenceront à se reproduire après 3 ou 4 mois.

La première étape de la fabrication d'un vermicomposteur est de choisir le bac. Côté pratico-pratique, un bon bac de plastique Rubbermaid, avec un couvercle, sera beaucoup plus économique et pratique qu'un bac en bois. Le bac devra être munis de trous d'aération sur le couvercle et de trous d'écoulement en dessous. Afin d'éviter les dégâts, ces trous devraient être recouverts de géotextile. Pour les trous du fond, le géotextile empêchera les vers et la terre de s'échapper, alors que le géotextile sur le dessus préviendra d'autre organismes, comme les mouches à fruits, d'entrer et sortir du vermicomposteur. Sous le bac, il est important d'installer soit un deuxième bac, soit un tapis à bottes en plastique afin de recueillir les écoulements. Si le milieu est très humide, il est possible de récupérer du liquide d'écoulement. Ce dernier est un très bon engrais pour les plantes! Ceux qui auraient des idées de grandeur et souhaiteraient utiliser plusieurs vermicomposteurs devraient considérer un système à étages. Dans un tel cas, seul le bac du bas n'aura pas de trous et servira à récolter le liquide qui pourrait s'écouler du vermicomposteur. Les autres bacs seront empilés par dessus le premier et les vers pourront migrer allègrement d'un étage à l'autre.

La litière initialement présente dans le bac contient du papier journal déchiqueté et un peu de sable ou de terre. Il est essentiel d'ajouter le sable ou du terreau, car les vers ont besoin de ces particules afin de bien broyer et digérer leur nourriture. Il faut éviter les papiers journaux colorés et magasines, car leur encre couleur pourrait nuire aux vers. On pourrait aussi remplacer le papier journal par des cartons d'oeufs en petits morceaux. Comme les verres ont besoin d'humidité, il faut humidifier la litière avant d'ajouter les vers. La litière doit être humide et non détrempée! Aussi, comme les microorganismes sont très important pour la dégradation des résidus de fruits et légumes que vous ajouterez, vous pouvez ajouter un peu de vermicomposte, si vous en avez sous la main. La litière devrait couvrir le bac à raison de 20 à 30 centimètres de profondeur. Une fois les vers ajoutés à la litière, il faudra leur laisser au moins 2 jours d'acclimatation à leur nouvel environnement avant de les nourrir. Aussi, de petites quantités de nourriture devront être ajoutées au cours des première semaines. Les vers se nourrissant des microorganismes présents sur les déchets, il faudra être patient et attendre que les bactéries s'établissent dans convenablement dans la litière.

Les vers ont quelques préférences quant à leur nourriture et leur environnement. Premièrement, ils n'apprécient pas la lumière directe. Ils supportent bien une température entre 15 et 25 degrés Celcius, mais la température optimale au bonheur des vers se situe entre 20 et 21 degrés Celcius. Les températures trop fraîches ou trop chaudes sont nuisibles pour la santé des vers, alors il faut éviter de les exposer à des températures sous 5 degrés Celcius et au dessus de 32 degrés Celcius. Côté nourriture, les vers ont des goûts assez diversifiés. Les restes de fruits et légumes sont très appréciés, tout comme le marc de café, les coquilles d'oeufs, les retailles de plantes, les restes de table, les poches de thé, etc. À éviter: les viandes, les excréments de vos animaux de compagnie, les huiles, les aliments trop salés ou vinaigrés. Aussi, certaines personnes ont mentionné que les agrumes, étant acides, pouvaient déséquilibrer l'équilibre du vermicomposteur s'ils étaient ajoutés en grandes quantité. Pour faciliter la décomposition, il est bon de couper les fruits et légumes en petits morceaux ou de mettre les coquilles d'oeufs en miettes.

Et comment nourrir les vers exactement? Les vers devraient être nourris une fois par semaine. Pour faciliter la décomposition, le bac devrait être être séparé en 6 zones d'enfouissement imaginaires. À chaque semaine, les résidus seront enfouis dans une zone différente. Cette rotation permettra aux vers de passer d'une zone à l'autre et de bien dégrader les déchets. Afin d'éviter les mouches à fruits et les odeurs, il faut s'assurer d'enfouir convenablement les résidus. La litière devrait toujours être humide. Si elle ne l'est pas, il faut l'humecter. Au contraire, si la litière est trop humide, ajouter un peu de papier journal déchiqueté permettra d'absorber l'excès d'eau.

Après 3 à 6 mois de tendres soins, les vers ont travaillé assez fort et il est possible de récolter le composte. Il y a plusieurs techniques qui peuvent être utilisées afin de récolter le compost. Premièrement, une partie du contenu du bac peut être mis sur une feuille de papier journal, sous une lumière directe. Les vers iront par eux-mêmes vers le centre de cette masse de compost. Il sera donc possible de récolter le compost aux abords du monticule, avant de remettre les vers et le reste de la litière dans le vermicomposteur. Une autre option est de nourrir les vers dans un coin du vermicomposteur. Après quelques jours, la majorité des vers devraient se trouver dans ce coin, et le compost situé dans le coin opposé peut être récolté. Finalement, la façon la plus simple est d'installer un 2e bac au dessus du bac contenant le compost mur. Le fond du bac superposé devra avoir des trous assez gros pour laisser passer les vers et devra être en contact avec la litière. De la nourriture est ajoutée à la litière du bac supérieur, et les vers migreront naturellement dans le bac supérieur après quelques jours. Il ne reste plus qu'à dissocier les 2 bacs et utiliser le compost!

Le compost peut être utilisé pour empoter les plantes de maison, pour donner un coup de pouce aux jardinières ou encore pour obtenir les plus grosses tomates du quartier!

Quelques sites internet utiles:
Vermicompostage 101
Bon site détaillant les règles de base du vermicompostage. Le site contient aussi un tableau utile sur les dimensions du vermicomposteur et la quantité de vers nécessaire en fonction du nombre de personnes dans la maisonnée.

Ferme Pousse-menu
En plus d'offrir de bons trucs sur le vermicompostage, la ferme Pousse-Menu vend des vermicomposteurs prêts à être utilisés et ce en 3 formats différents. Une recette détaillée de litière est aussi disponible.

WormGirl
Écoeurée de voir des compagnie charger le total pour des vers rouges et des bacs, Wormgirl offre à ceux qui sont intéressés un vermicomposteur prêt à utiliser ou encore seulement les vers et ce à des prix modiques. Son site web contient aussi plusieurs trucs et astuces pour faciliter le vermicompostage.

All Things Organic
Un bon site internet qui permet d'en savoir plus sur les différentes petites bêtes qui peuvent apparaître dans un vermicomposteur.

vendredi 26 décembre 2008

Sables bitumineux et projet Trailbreaker

Une fois de temps à autre, nous entendons parler de l'Alberta et de ses sables bitumineux. La région de l'Athabasca en Alberta possède 3500 km carrés de sables bitumineux enfouis dans les sols de la forêt boréale. Roue importante faisant tourner l'économie de cette province, les albertains sont loin d'abandonner l'exploitation des sables bitumineux. Elle fait partie de leur identité au même titre que le Stampede de Calgary et le boeuf AAA qu'ils produisent.

Cet automne, le projet Trailbreaker a été annoncé par la compagnie Enbridge. Il s'agit en fait d'un projet de réaménagement d'un grand pipeline partant de l'Illinois, traversant l'Ontario et se terminant à Montréal. Ce pipeline servirait à acheminer du pétrole lourd (non-raffiné) issu des sables bitumineux albertains à Montréal. La compagnie estime que le pipeline acheminerait environ 200 000 barils de pétrole brut par jour. Présentement, le pipeline fonctionne en sens inverse et achemine le pétrole vers l'Ouest canadien. Le hic dans ce projet, ce n'est pas le pipeline en tant que tel. Il a déjà été construit et des modification mineures sont nécessaires afin de renverser l'approvisionnement. En fait, en en soutenant un tel projet, on renforcera notre dépendance envers le pétrole et on soutiendra l'exploitation des sables bitumineux en Alberta.

L'exploitation de sables bitumineux est, à mon avis, une sale affaire. Premièrement, ces sables sont situés à la surface et les gisements sont exploités par des mines à ciel ouvert. Comme mentionné précédemment, les sables bitumineux se retrouvent majoritairement dans les sols de la forêt boréale albertaine. Pour plusieurs gisements actuellement exploités, les compagnies ont rasé de grandes zones boisées afin de pouvoir créer leurs mines. Plusieurs zones marécageuses entourent également les gisements. Elles sont également rasées afin de permettre l'exploitation des sites.

Théoriquement, les compagnies devront, à la fin de leur période d'exploitation, remettre le terrain en état. Toutefois, comme vous le constaterez, ce sera un défi de taille. Plusieurs études qui ont suivi les sites réaménagés sur une période de 4 à 30 ans ont démontré que la population de plantes présente sur le site présente peu de similitude à la population initiale pré-exploitation. La plupart des arbustes initialement présents ne pouvaient se rétablir dans la zone réaménagée, en particulier à cause de la compétition avec des espèces de plantes qui étaient absentes de la population initiale. Non seulement il est impossible de restaurer la biodiversité initiale du site, mais l'extraction des sables contamine l'eau, qui est ensuite conservée dans des étangs.

Contrairement au pétrole extrait de nappes souterraines, le bitume obtenu des sables bitumineux doit être séparé du sable. Plusieurs procédés d'extraction sont disponible; toutefois, les compagnies canadiennes préfèrent l'extraction par la vapeur d'eau. Au cours de ce procédé, les sables bitumineux passent dans un tambour rotatif où ils sont mis en contact avec de l'eau chaude et de la vapeur. Le bitume se retrouve à la surface du liquide et peut être isolé. Quant aux rejets de ce procédé, les lois fédérales interdisent de les rejeter dans les rivières ou autres sources d'eau courante. Ils sont donc entreposés dans des bassins ou lacs.

À l'heure actuelle, les bassins et lacs contenant les rejets issus du procédé de séparation couvrent en Alberta une superficie de plus de 130 km carrés. Ces eaux usées contiennent du sable, des sédiments (argile et limon), des composés phénoliques, des acides naphténiques, de l'ammoniaque-ammonium et divers métaux, tels le zinc, le cuivre et le fer. Il va sans dire que des résidus de bitume se retrouvent aussi dans les eaux usées. La sécurité de tels bassins n'a pas encore été démontrée à long terme. Il serait possible que l'eau des bassins puisse s'infiltrer dans le sol et contaminer soit les nappes phréatiques, soit le sol environnant. Les toxines présentes dans les rejets pourraient donc contaminer l'environnement. De plus, comme il est fréquemment coutume dans l'industrie minière, des lacs entiers servent de réservoirs aux résidus miniers et aux rejets issus de la production de sables bitumineux. Cette fois, c'est tout un écosystème aquatique qui est affecté par de telles pratiques.

L'exploitation des sables bitumineux consomme beaucoup d'énergie et est extrêmement polluante. À chaque jour, quelques 600 000 millions de pieds cube de gaz naturel sont utilisés. Cette quantité serait suffisante pour chauffer 3 millions de maisons! De plus, la production d'un baril de pétrole brut issu des sables bitumineux génère 3 fois plus de gaz à effet de serre que la production d'un baril traditionnel. Et c'est sans compter les GES qui seront produits afin de raffiner le pétrole et lorsque le pétrole sera brûlé. D'ailleurs, l'exploitation des sables bitumineux a été identifiée comme étant la source principale de l'augmentation de la production de gaz à effet de serre au Canada. Après tout, elle est responsable de la production de 40 millions de tonnes de CO2 par an!

Finalement, il a été récemment démontré que l'exploitation des sables bitumineux a un impact négatif sur la faune des régions exploitées. Les oiseaux aquatiques et de rivage, lors de leur retour au printemps, vont préférer fréquenter les lacs et bassins de rejets, car ces derniers ne sont pas gelés. En effet, les eaux usées chaudes qui sont déversées dans les bassins et augmentent la température de ces derniers, qui ne gèleront pas, contrairement aux lacs vierges. Les oiseaux se retrouvent donc en danger, car ils peuvent ingérer du bitume présent dans l'eau, ou encore leur plumage peut se retrouver couvert de bitume. Au cours des dernières années, cette situation est devenue un véritable problème en Alberta. La majorité des lacs et bassins se trouvent dans la voie de migration de plusieurs oiseaux aquatiques et d'oiseaux de rivages. Certaines compagnies minières ont installé des "canons de dissuasion" autour des lacs et bassins, mais ce n'est qu'une solution temporaire au problème.

Si vous tenez à faire votre part, un site web a été créer afin d'informer la population du projet Trailbreaker et permettre aux intéressés d'envoyer facilement un courriel aux députés/chefs de partis du Québec. Si vous avez une minute, jetez-y un coup d'oeil et signez la pétition en ligne.

Aussi, l'Institut Pembina a mis sur pied un site web très détaillé sur l'exploitation des sables bitumineux et leur impact environnemental. Si vous souhaitez en apprendre plus à ce sujet, je vous conseille fortement d'y jeter un coup d'oeil.